En 1660, la Nouvelle-France fait face à une situation. Plus de 900 Iroquois, en deux parties distinctes, se déplaçaient pour s’unir en prélude à leurs attaques contre Montréal, Trois-Rivières et Québec. Adam Dollard des Ormeaux a reconnu la situation et a décidé d’agir.
L’héroïsme d’Adam Dollard
Dollard a approché le gouverneur de la Nouvelle-France, Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, à Montréal. Il voulait s’établir près des rapides de la Chute à Blondeau, où convergent les rivières des Outaouais et du Saint-Laurent; un endroit appelé le Long Sault.
Maisonneuve a accédé à la demande de Dollard et celui-ci a commencé à rassembler des recrues. Fin avril 1660, 16 hommes s’étaient manifestés. C’étaient tous des jeunes gens de condition modeste : soldats démobilisés, fermiers et artisans. Le plus âgé avait 30 ans. Presque tous les autres avaient au début de la vingtaine. Ils avaient tous des mères, des pères, des frères, des sœurs et des amoureux dans les trois colonies, et, si leurs efforts désespérés échouaient, ils mourraient tous; soit par le mousquet et le tomahawk dans les villages en feu, soit par la torture barbare après leur capture. La tâche de Dollard et de ses compagnons était de mourir pour que les gens qu’ils aimaient puissent vivre. N’ayant aucun doute sur leur sort, les 17 jeunes gens se confessèrent, firent leur testament et reçurent le dernier sacrement dans la chapelle de pierre de l’Hôtel-Dieu.
Après deux semaines de voyage ardu, Dollard et ses hommes atteignirent le Long Sault. À une courte distance de l’Ottawa, du côté est du Sault, Dollard a trouvé une palissade abandonnée, mais pour une raison quelconque, lui et ses hommes ont traîné au lieu de réparer la palissade et de l’approvisionner en nourriture et en eau.
Dollard a été rejoint par un groupe de 40 Hurons sous leur chef, Anahotaha, ainsi que par quatre Algonquins. Au bout de deux jours, des éclaireurs à la tête du Sault repèrent deux canots iroquois qui se dirigent vers la palissade. Les Français et leurs alliés tendent une embuscade aux pirogues, mais un brave s’échappe pour avertir le groupe principal. Quarante ou cinquante canots débarquent bientôt, et les guerriers iroquois se ruent aussitôt sur la palissade. Dollard et ses hommes leur ont tiré volée après volée et les assaillants ont pris la fuite. Une deuxième attaque est lancée, cette fois de toutes parts. Quand elle et une troisième attaque ont échoué, les Iroquois se sont retirés et ont tenu un conseil de guerre.
La contre-attaque des Iroquois
Pendant cinq jours, il y a eu une accalmie dans les combats. Le renégat Huron combattant avec les Iroquois a dirigé un barrage constant de railleries et de promesses contre le Huron combattant avec Dollard. Un à un, les Huron sautent par-dessus les barricades pour rejoindre les Iroquois. En fin de compte, seul le galant Anahotaha est resté.
A l’intérieur de la palissade, les 22 hommes se tenaient près de leurs armes et attendaient. Dollard et ses compagnons étaient stupéfaits du manque de sommeil. L’eau et la nourriture, comme l’espoir, avaient depuis longtemps disparu. L’évasion ou le sauvetage était impossible. Tout ce qu’ils pouvaient faire était de gagner du temps pour sauver leurs familles.
L’assaut final contre la bande à Adam Dollard des Ormeaux
Le cinquième jour, plus de 500 guerriers Iroquois arrivèrent par le Richelieu, pour rejoindre les 200 cents déjà sur place. Pendant trois jours, les Iroquois se préparent à l’assaut final, entretenant un harcèlement jour et nuit contre la petite bande de Dollard.
Le matin du quatrième jour, l’assaut a été livré de toutes parts, mené par des volontaires portant des torches et des boucliers grossiers. L’attaque a été repoussée. Un second assaut atteignit les barricades, et les braves commencèrent à mettre le feu à la palissade. En désespoir de cause, Dollard a tenté de lancer une grenade artisanale remplie de balles de mousquet et de poudre à canon par-dessus la palissade au milieu des assaillants. La grenade a heurté le haut de la barricade et est retombé dans la palissade. Il a explosé, tuant plusieurs des défenseurs et aveuglant d’autres. Dans la confusion qui s’ensuivit, les Iroquois gagnèrent la barricade. Au corps à corps, Dollard et tous ses hommes furent bientôt abattus. L’épopée du Long Sault était terminée.
Les Iroquois retournèrent sur leurs propres territoires. Ils pensaient que, si Dollard et ses quelques partisans pouvaient leur causer autant de problèmes au Long Sault, une attaque contre Montréal serait beaucoup trop coûteuse.
J’imagine que si je demandais qui est décédé à l’Alamo au Texas, la plupart des Canadiens connaîtraient les noms de Davy Crocket ou de Jim Bowie. La bataille de Long Sault était, en quelque sorte, l’Alamo de la Nouvelle-France et l’équivalent de Crocket et Bowie était Adam Dollard des Ormeaux et Anahotaha.